EmploisAides

Pourquoi un État décide-t-il de payer des employeurs pour embaucher ?

Rappelez-vous, un président de la république déclarait que si le nombre de chômeurs dépassait 500 000 ce serait la révolution. Et que de toutes façons, ni lui, ni autres, ni pouvait rien, tant que le patronat chercherait à faire travailler au moindre coût.

Nous en sommes loin des 500 000.
Beaucoup de dispositions gouvernementales de droite et de gauche ont été prises pour maintenir, envers et contre tout, la cohésion sociale, pour que les riches continuent à s'enrichir, en laissant sur le bas-côté tous les autres.

S'il y avait de l'emploi pour tous, avec des conditions décentes d'existence, ça se saurait. Ce n'est pas le cas. Et en plus, cet état de chômage et de pauvreté est utile aux faiseurs de fric, car il sert d'épouvantail à tous ceux qui ont un boulot et qui ont une trouille monstre de le perdre.

Mais, le chômage fait mauvaise figure dans l'opinion publique. Il est donc nécessaire de faire croire qu'on combat le vrai chômage, ce qui n'est pas du tout le cas. On le cache en essayant d'en tirer avantage, pour stimuler la productivité, par exemple.

Un système de calcul du nombre de chômeurs permet de publier des chiffres qui passent pour suffisamment acceptables dans le capitalisme. Et de cacher le nombre de tous les autres chômeurs qui n'apparaissent plus aux yeux de l'opinion publique.

On peut aussi jeter de la poudre aux yeux aux futurs électeurs en brandissant des plans gouvernementaux de lutte anti-chômage. Et en graissant la patte des patrons par des subventions étatiques pour procéder à l'exploitation de gens jetés dans l'exclusion, mais dont une frange est considérée comme la crème encore exploitable dont on peut tirer quelque chose qui permettra encore quelques enrichissements patronaux supplémentaires.

Dans cette histoire, on sait depuis longtemps (TUC...) qu'il n'y a pas que le patronat privé qui s'est jeté dans l'aventure des emplois aidés. Les employeurs publics, ainsi que les collectivités territoriales aussi s'y sont lancés et s'y maintiennent...

Et pour cause.
Quand les politiciens au gouvernement ont fait voter la loi de décentralisation, ils ont transféré des compétences de l'État vers les départements.

La charge financière du RMI est passé en totalité sur les budgets départementaux. Et a déchargé d'autant le budget d'État au poste de la solidarité. (Suffit de regarder le budget d'État qui accompagne la feuille d'impôt, quelques années en arrière pour constater l'opération).


2000 :  39,3 sur 299,9 milliards d'euro    13  %
2001 :  40,4 sur ???,? milliards d'euro    13  %
2002 :  ??   sur  316  milliards d'euro    12  %
2003 :  ??   sur  ???  milliards d'euro    ??  %
2004 :  ??   sur  ???  milliards d'euro    ??  %
2005 :  49,1 sur 350,2 milliards d'euro    14  %
2006 :  25,4 sur 329,5 milliards d'euro     7,7%
2007 :  24,3 sur 334,7 milliards d'euro     7.3%

Le désengagement de l'État sur le RMI s'opère clairement
du budget 2005 au budget 2006. Pas étonnant que le département
des Landes cherche à replacer la charge financière des
chômeurs sur le budget de l'État à travers les emplois
aidés et si possible, au service du département, tant qu'à
faire.

« Le coeur à gauche, le portefeuille à droite. »

Les Landes ont visiblement adopté une politique précise en matière de RMI. Nous ne sommes plus au temps, où l'édito de Pays Landais, l'organe de propagande du conseil général, payé par le contribuable, vantait les mérites du poste bien approvisionné de la solidarité départementale (1982, 1983 au temps des livres sur les bienfaits de la révolution et la liberté édités au profit du centre départemental de l'enfance : les poémiers landais et au temps de la démocratie participative qui ont dû dégringolés à la poubelle).

Il s'agit maintenant de réduire ce budget. On devine assez bien la méthode quand on observe le terrain.

Saisir la moindre occasion pour supprimer l'allocation, même provisoirement. C'est autant de gagner. Ne jamais cesser de monter les pires tracasseries administratives pour démoraliser, casser les gens dans leurs démarches. Et parfois le bouchon est poussé très loin, comme le montrent certains dossiers bien consistants.

Enfin, faire une propagande insidieuse pour la prime pour l'emploi via la CAF et autres, avec des imprimés, même quand les allocataires ne se trouvent (pas encore) dans la situation pour prétendre à ce droit (4 mois de reprise de travail et plus de 78 heures par mois).

La consigne pour répandre via plusieurs organismes cet objectif paraît indubitable.

Un rmiste qui reprend une activité de plus de 78 heures pendant plus de 4 mois, percevra le salaire versé par son employeur. Et ne percevra plus le RMI. Suffit de lui mettre la carotte de la prime pour l'emploi sous le nez.

L'employeur, lui, bénéficiera d'une aide étatique de 90% du salaire versé. CQFD. La patate chaude du RMI repasse à la charge de l'État et le département s'en trouve libéré.

Autre avantage non négligeable : si l'employeur est une collectivité territoriale ou un établissement mixte, ou une institution à budget publique, voilà une merveilleuse affaire pour l'employeur de collectivité.

Un coût de 10% du salaire, une main d'oeuvre bon marché. Qu'on peut évaluer à 3 ou 4 euro de l'heure au lieu des 14 ou 15 euro de l'heure pour un smic « normal ».

Et pour peu que la personne ait des compétences et une expérience d'un bon niveau, alors, voilà vraiment une excellente affaire. Un rapport qualité/prix d'un grand intérêt.

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