L'échec du OUI en Espagne !

résultats du référendum

«Approuvez-vous le traité établissant une constitution pour l'Europe ?»

11 235 359 espagnols ont voté OUI (32,47%);
23 364 641 se sont abstenus, ont voté blanc ou nul, ou ont dit NON (67,53%);

sur un total de 34 600 000 électeurs espagnols inscrits (100%).

La démocratie directe a parlé.
Comme au parlement, les suffrages ont fourni l'une des 3 réponses possibles : pour, contre ou abstention.

Les OUI sont minoritaires.

L'abstention, un message

L'abstention exprime un message clair et légitime face aux tromperies électoralistes devenues tellement visibles qu'elles sont arrogantes. Faire semblant de ne pas entendre ce message, c'est refuser la revendication légitime des peuples à prendre leur part aux décisions qui les concernent sans s'en remettre aveuglément et irrémédiablement à des décideurs qui feront fi de leurs aspirations au moment de décider.

Les chiffres propagande se présentent ainsi : oui : 76,73% (abstention : 57,68%)

C'est ce que les tenants du OUI nomment «le triomphe du oui» ! 76,73% ! Vous vous rendez compte ?

76,73% de quoi ? des votants ! Non pas des électeurs inscrits !

Si 57,68% des inscrits se sont abstenus (une majorité),
seulement 42,32% des inscrits se sont exprimés (une minorité).
57.68% abstentions + 42.32% exprimés = 100% inscrits.

Il est nécessaire de préciser que parmi les 42,32% d'électeurs qui se sont exprimés:
76,73% d'entre eux ont voté OUI;
17,24% ont voté NON;
6,03% ont voté BLANC ou NUL;
76,73% + 17,24% + 6,03% = 100% exprimés (votants).

Quelle victoire remarquable du OUI !!!

On vous consulte, mais votez OUI !

Par ailleurs, ce qui est étrange et contradictoire en France, et qui sonne faux, c'est que le pouvoir a décidé d'utiliser le suffrage universel direct (consultatif, rassurez-vous), pour répondre à cette question, MAIS qu'en même temps, le même pouvoir DICTE aux français quelle réponse ils doivent absolument fournir !!!... en utilisant même les moyens financiers fournis par le peuple (l'impôt) et avec l'aide des médias.

Alors pourquoi faire un référendum si c'est pour obtenir LA réponse ?

C'est qu'en fait, n'importe quel pouvoir politique a besoin essentiellement d'une apparente adhésion du peuple aux décisions qu'il prend ; peu importe les moyens pour obtenir cette adhésion, c'est la carotte.
Ceci permettra ensuite de déclarer : « vous avez choisi démocratiquement, donc, nous serons très fermes pour que ce choix du peuple soit respecté. »
Et les décideurs se donneront à eux-mêmes, le feu vert pour mettre en oeuvre tous les moyens, même coercitifs, pour exécuter leur plan « populairement approuvé ». C'est le bâton.

Le pourquoi de l'abstention

A ceux qui préfèrent ne pas comprendre, ou faire semblant de ne pas comprendre.
Voilà le pourquoi de l'abstention.
C'est une dérive autoritariste marquée de sociétés qui s'affichent comme «démocratiques»; dérive clairement perçue par les électeurs.

Il est à noter que tous les partis politiques affichent clairement leur comportement autoritaire. Soit en n'organisant pas de consultation de leurs militants, soit en voulant toujours tout régenter, dans le parti et dans la société et en cherchant à faire taire les minorités.

C'est normal, un parti politique a pour but de gouverner, donc de décider pour les autres et à la place de tous.

Une démocratie digne de ce nom n'écrase pas les minorités et ne bafoue pas le droit de chaque individu à exprimer librement ses opinions par tous les moyens et conformément aux droits de l'Homme, en vue de peser pour sa part sur chaque décision collective.

C'est d'ailleurs ce qu'affiche ces lignes en préambule du traité constitutionnel.

Les beaux discours en contradiction manifeste avec les actes

« Notre Constitution... est appelée démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d'une minorité, mais du plus grand nombre.
Thucydide II, 37 »

Or, en Espagne, la minorité, ce sont ceux qui ont dit OUI. Le soi-disant triomphe du OUI n'est qu'un jeu de chiffres politicien.

Le malheur, c'est qu'il y a les beaux discours d'un côté et les actes contradictoires d'un autre, constatables sur le terrain.

On peut s'en rendre compte facilement en ayant bien à la conscience les chiffres réels du référendum espagnol d'une part, et en lisant les déclarations de quelques personnalités d'autre part.

Pour être clair, voici une façon de compter sans ambiguité:

34 600 000 électeurs inscrits (100%);
19 957 280 abstentions (57,68% des inscrits);
14 642 720 exprimés = votants (42,32% des inscrits, 100% des votants).

Sur ces 14 642 720 exprimés :
11 235 359 ont voté OUI (76,73% des votants, 32,47% des inscrits);
2 524 404 ont voté NON (17,24% des votants, 7,30% des inscrits);
882 956 ont voté BLANC ou NUL (6,03% des votants, 2,56% des inscrits).

En résumé, sur 34 600 000 électeurs inscrits (100%);
11 235 359 ont voté OUI (32,47%);
23 364 641 se sont abstenus, ont voté blanc ou nul, ou ont dit non. (67,53%).

Le oui à 32,47% des inscrits s'appelle clairement une MINORITE.
Même s'il fait 76,73% des suffrages exprimés (votants) !

« Nous avons construit un pan d'histoire de l'Europe... Nous avons envoyé un message au reste des citoyens européens. Nous les invitons à suivre le chemin que nous venons de tracer. »
Roger Luis Rodriguez Zapatero (PSOE, parti socialiste espagnol au pouvoir).

« Bravo et merci les espagnols ! »
Valéry Giscard d'Estaing (UDF).

« Les espagnols ont dit oui à l'Europe, oui à l'avenir. En ouvrant la voie avec ce vote positif et sans ambiguité, le peuple espagnol a adressé un signal fort aux autres citoyens qui donneront leur avis sur la constitution dans les mois à venir.
...Ce vote pionnier et historique est un oui à une Europe plus démocratique, efficace et transparente... »

José Manuel Barroso, président (portuguais) de la commission européenne.

« Je suis convaincu que les résultats en Espagne auront un impact positif sur les consultations qui se dérouleront dans d'autres Etats membres de l'UE dans les mois à venir. »
Javier Solana, haut représentant (espagnol) de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune.

« Ce oui du peuple espagnol à la constitution et à l'Europe est un symbole fort et montre le chemin aux autres pays qui ratifieront ce traité dans les mois à venir. »
Jacques Chirac (UMP).

« Les espagnols ont montré la voie »
François Hollande (PS).

« ...approbation par défaut et par indifférence... la confirmation d'une véritable carence démocratique de l'Europe qui devient très, très, très préoccupante... »
Henri Emmanuelli (PS).

« Le peuple espagnol vient d'envoyer un message de confiance pour l'avenir de l'Europe. »
Jean-Pierre Raffarin (UMP).


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