La fracture sociale est là !

Mobilité et précarité

Une formatrice, prestataire de services de l'ANPE, qui va intervenir en Appui Personnalisé Individuel, en connaissant le problème de l'absence de mobilité du bénéficiaire :

« Monsieur P., bonjour, c'est Mme C. de l'INFA. L'ANPE de Mont-de-Marsan m'a transmis votre candidature, pour un suivi sur démarches d'emploi, mais je souhaiterais vous donner rendez-vous, donc vous pouvez me joindre au 05.58.06.99.84. Je vous en remercie, au revoir, Monsieur, à bientôt. »

A la communication téléphonique suivante (le 17 nov.), le chômeur rmiste lui rappelle qu'il est sans moyen de déplacement. Qu'il doit négocier avec quelqu'un équipé d'un véhicule et d'un pouvoir d'achat. Qu'il confirmera l'une ou l'autre offre de rendez-vous. Qu'il peut se déplacer à pied ou en vélo. Mais jusqu'à Mont-de-Marsan, c'est 60 km aller et retour. La formatrice interroge pour savoir quelle est la localité la plus proche. Grenade. Le chômeur rmiste fait savoir qu'il peut faire le déplacement de 16 km aller et retour en vélo. Elle garantit que le choix du lieu sera effectué au mieux. Qu'une aide financière sera débloquée, de l'ordre de 45 euro par mois. Qu'en attendant, elle voudrait un premier rendez-vous à Mont-de-Marsan pour mettre les choses au point.

La formatrice, le lendemain :

« Monsieur P., bonjour, c'est Mme C. de l'INFA, j'attendais votre coup de fil, donc, pour convenir d'un rendez-vous avec vous. Entre temps, mon carnet de rendez-vous se remplit, donc, je m'inquiète un peu. Donc, on était parti sur le 22 après-midi, moi, j'ai une place à 14 heures, encore, si ça peut vous convenir, sinon le 23 en vous dépêchant peut-être de me donner une heure où vous viendrez, où c'est encore possible, soit le 22 après-midi à 14 heures ou le 23 à votre convenance, merci de me rappeler au 05.58.06.99.92, Mme C., pour me confirmer votre rendez-vous. Au revoir. »

Elle considère que parcourir du jour au lendemain, au pied levé, 60 km aller et retour, se solutionne avec un claquement de doigt pour des précaires.

Pas pour les exclus économiques qui sont dans une prison économique d'autant plus en vivant isolé en campagne (logement moins cher).

Si les responsables publics se permettent de gérer les budgets publics en déficit, sachant qu'au bout du compte, c'est le contribuable qui paiera d'une manière ou d'une autre, (cette génération ou une autre), un rmiste avec la tête sur les épaules, fait tout ce qu'il peut, avec détermination, pour ne pas accroître ses charges au-delà des maigres revenus rééls dont il dispose encore.
Car il veut pouvoir manger jusqu'au 10 du moins prochain...

[1] Pas de chance, c'est justement le répondeur mis à notre disposition !
Comme si des exclus pouvaient systématiquement se payer les coûts élevés de la téléphonie de nos jours. Heureusement, des associations, des individus, etc... solidaires apportent parfois des solutions téléphoniques, (peu réactives, certes) aux professionnels de l'insertion, pour leur éviter des courriers postaux. Ce qui n'est pas toujours clairement perçu par les intéressés, habitué(e)s à passer des coups de fil à longueur de journée, quand ils veulent.

novembre 2005

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