Interdits de téléphonie.Misère et nouveau millénaire (2005) |
Seuil de pauvretéMinimas sociauxQuel est le seuil financier qui définit la misère économique en France en 2005 ? La société affirme officiellement qu'une personne ne peut vivre assez décemment qu'en percevant une somme au moins égale au salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC). Les organisations internationales définissent que le seuil de pauvreté se situe sous la moitié du SMIC, soit actuellement sous 500 euros mensuels. Le montant du revenu minimum d'insertion qui frappe un bon million de nos concitoyen(ne)s selon les chiffres officiels qu'on nous distille, s'élèvait à 417 euros par mois, au 31 décembre 2004. Autres revenusIl convient de ne pas perdre de vue que le salaire moyen en France se situe autour de 1800 à 2000 euros nets mensuels. Et qu'il est courant qu'un salarié touche 10 000 à 30 000 euros bruts mensuels. Ne parlons pas des autres... C'est dire que gérer en équilibre, 417 euros de revenu par mois, dans ce contexte est un numéro de haute voltige. Et que la plupart de nos concitoyens normalement lotis en terme de revenus en sont parfaitement inconscients en terme de réalités concrètes du quotidien à affronter pour survivre et tenter de tenir la tête au-dessus de l'eau. Réalité de la misère en FranceQui peut savoir ce que veut dire vivre ainsi, sans en avoir, maintenant, de nos jours, la pratique réelle ? On a l'impression que l'imagination et la rationalisation vont bon train... Faîtes un jeu : définissez un budget mensuel dont le montant total ne dépasse pas 417 euros. Avec chacune de ses catégories, loyer, charges locatives, alimentation, habillement, déplacement, etc. (en ayant bien à l'esprit l'ensemble des charges apparaissant tout au long d'une année) et compte tenu du coût actuel de la vie que vous connaissez bien. Accès à la téléphonieVenons-en à la téléphonie. C'est un besoin qui n'apparaît plus comme très vital, lorsqu'on s'est livré sérieusement à l'exercice ci-dessus. Pourtant, le coût du maintien d'une ligne téléphonique, même sans consommer de communications reste très élevé. Aux environs de 224 euros par an, soit la moitié d'un pouvoir d'achat mensuel. Simplement pour pouvoir recevoir des appels, sans autre frais, voire en passer à condition d'aligner encore d'autres euros. Pour arranger le tout, le PDG de France Telecom a le culot d'utiliser les médias pour démontrer par des contre-vérités, qu'en augmentant l'abonnement, la facture des citoyens diminuera ! Il fait aussi silence total sur l'évolution des bénéfices de France Telecom. E-mail pour communiquerComparé à ce montant, et dans la mesure où un abonnement téléphonique est incontournable, une communication par courrier électronique (e-mail), via internet, reste la seule solution présentant un coût le plus réduit possible parmi la technologie d'aujourd'hui, y compris le courrier postal. L'utilisation du courriel permet de rédiger sans frais hors connection, tous ses courriels et autant que l'on veut. Il suffit ensuite de quelques secondes de connection téléphonique, (à l'occasion desquelles il est possible, éventuellement, de faire une navigation internet), pour expédier ces communications. Problèmes téléphonie et problèmes e-mailIncompréhensionQuelques gros obstacles entravent cependant ces solutions. Ils tiennent essentiellement à l'inconscience ou à la mauvaise volonté, selon les cas, de correspondant(e)s qui ne vivent pas, eux, elles, en dessous du seuil de pauvreté. Et qui ne comprennent pas. Un grand nombre de gens ne recevant plus d'appels téléphoniques de la part des miséreux, se détournent d'eux et rompent peu à peu les relations. Celles et ceux qui choisissent de les maintenir, et qui peuvent donc passer des appels vers eux (situation déjà très rare) ne se rendent pas compte d'une chose simple : eux, communiquent vocalement quand ils le décident. Ils ont bien sûr l'impression de se montrer compatissants à l'égard de la misère. Et ils le sont sans aucun doute dans une certaine mesure. Mais il est délicat de la part d'une personne sous le seuil de pauvreté qui reçoit un tel appel de lancer une conversation, d'en prendre l'initiative, dans la mesure où c'est le correspondant qui paie. DépendanceLe miséreux des pays riches est donc placé dans la dépendance et ne peut jamais prendre l'initiative d'une conversation téléphonique, au moment où il le désire ou le décide. Puisque ce serait mettre en danger ses autres besoins vitaux par une facturation supplémentaire sur son propre budget. La communication vocale par téléphone devient donc unilatérale et déséquilibrée. Courriel désappréciéIl resterait la solution du courrier électronique. Car les correspondants qui accèdent à la téléphonie sont, à l'heure actuelle, systématiquement équipé d'un ordinateur et doté d'un accès internet. Le malheur, c'est que cet outil est sous-utilisé. Internet considéré le plus souvent comme un loisir superflu et très secondaire, pour ceux dont le niveau de vie ne pose pas spécialement de problèmes. Des miséreux ont compris, par la force des choses, que la communication internet est un rare moyen de conserver des liens sociaux minimaux et un brin de communication encore possible. Pour eux, le Web est hautement utilitaire, dans un rapport qualité-prix attractif. Malheureusement, pour ces raisons, il s'avère que la communication internet ne fonctionne pas. Le miséreux qui peut prendre librement l'initiative de communiquer par internet, ne reçoit généralement pas de réponse en temps réel, malgré la puissance de ces technologies, ou pas de réponse du tout. Car la messagerie est considérée comme très secondaire, comme très accessoire ou pire sans intérêt par les correspondants disposant librement de la téléphonie. La seule technique (messagerie électronique) qui permettrait une communication bi-latérale et équilibrée est tenue pour négligeable ou nulle par ceux qui accèdent à la téléphonie. Toutes les justifications les plus hypocrites pendant des années sont bonnes pour mettre en pratique ce délaissement de la messagerie électronique au fil des relations avec les survivants économiques. Accroissement de la dé-socialisationLe gros problème de la dé-socialisation mise en oeuvre par l'exclusion économique se voit accentuée par ce type de comportement, d'année en année, sans que pointe le moindre espoir d'un retournement positif de la situation. Certaines personnes ont critiqué la communication internet en déclarant qu'elle contribue au repli des gens sur eux-mêmes, ou à la disparition des relations de visu, à la suppression des rencontres. C'est le contraire que je constate dans le sous-monde de l'exclusion. Alors que ces personnes ont rompu de fait toutes relations directes, car l'exclu n'a pas le répondant financier pour pouvoir faire la réciprocité des invitations, ou sorties communes. Et ces détracteurs de l'Internet, justement, n'utilisent même pas ce dernier fil conducteur qui permet à quelques exclus de garder encore un minimum de liens avec ce que l'on appelle l'humanité. Ces miséreux ne peuvent pas envisager facilement des déplacements, et la communication internet reste le seul et dernier recours pour tenter de maintenir des liens, malgré les obstacles économiques. On assiste à un écroulement de la socialité et de la convivialité sous une dictature discrète mais ferme des lois de l'argent, avec son corrollaire, l'accroissement de l'injustice sociale. C'est le calvaire que vivent les exclus quotidiennement. C'est peut-être aussi une route vers la perte du niveau de vie et du calme social, tôt ou tard, que signent celles et ceux qui, aujourd'hui, préfèrent vivre leur vie et fermer les yeux, sans rien faire collectivement contre ces insupportables réalités, à part voter citoyennement à chaque échéance électorale, et se foutre des problèmes sociaux le reste du temps : que les élus se dépatouillent avec. Le boomerang des lois naturelles pourraient bien revenir à la tête des insouciants, citoyens ou politiques, au moment où ils s'y attendent le moins. Ou à celle de leurs enfants, dans un avenir à moyen terme.. Le vrai problème de fond, c'est pourquoi refuse-t-on de fait (par delà les beaux discours) à chaque membre de la société de fournir ses savoirs-faire, ses compétences établies quelqu'ils soient, en échange d'un revenu décent permettant la satisfaction de ses besoins ? ZorK « Y'a des gens, quand tu leur envoies un email, c'est pire que pisser dans un violon ! 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